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Niveau bac+1 sciences, cours et QCM : structures algébriques, nombres réels, suites, limites, dérivées, etc.

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Limites et continuité

Bernard Ycart

Licence CC-BY

Origine : M@ths en ligne - Université Joseph Fourier

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Mots-clés: convergence,  limite,  opération, comparaison, continuité

 

Sommaire

1. Vocabulaire

2. Convergence

3. Opérations sur les limites

4. Limites unilatérales

5. Convergence des fonctions monotones

6. Comparaison de fonctions

7. Limites à connaître

8. Continuité en un point

9. Continuité sur un intervalle



Sommaire

1. Vocabulaire

 

Une fonction f  de ℝ  dans ℝ  est définie par son graphe : c'est un sous-ensemble Γ  de ℝ*ℝ  , tel que pour tout x∈ℝ  , au plus un réel y  vérifie (x,y)∈Γ  . S'il existe, ce réel y  est l'image de x  et est noté f(x)  . L'ensemble des x  qui ont une image par f  est le domaine de définition de f  . Nous le noterons D_f  . La notation standard est la suivante :

 

?  f   
D_f  →  ℝ 
x  ↦  f(x) 

 

Si A  est un sous-ensemble de D_f  , l'image de A  , notée f(A)  , est l'ensemble des images des éléments de A  .

f(A)={f(x),x∈A} 

Si B  est un sous-ensemble de ℝ  , l'image réciproque de B  , notée f^-1(B)  , est l'ensemble des antécédents des éléments de B  .

f^-1(B)={x∈D_f,f(x)∈B} 

Attention à la notation f^-1  : f^-1(B)  est défini même si f  n'est pas bijective. Par exemple, si f  est l'application valeur absolue, x↦|x|  ,

f(]-2,1[)=[0,2[ et f^-1(... 

 

Définition 1  Soit f  une fonction, de domaine de définition D_f  , à valeurs dans ℝ  . On dit que f  est :

 

∙  constante si ∀ x,y∈D_f,f(x)=f(y) 

∙  croissante si ∀x,y∈D_f,x≤y=>f(x)≤f(... 

∙  décroissante si ∀x,y∈D_f,x≤y=>f(x)≥f(... 

∙  strictement croissante si ∀x,y∈D_f,x<y=>f(x)... 

∙  strictement décroissante si ∀x,y∈D_f,x<y=>f(x)... 

∙  monotone si elle est croissante ou décroissante

∙  majorée si f(D_f)  est majoré

∙  minorée si f(D_f)  est minoré

∙  bornée si f(D_f)  est borné

 

Le plus souvent, ces définitions s'appliqueront à des restrictions de f  à un intervalle I  inclus dans D_f  .

?  f_|I   
I  →  ℝ 
x  ↦  f(x) 

 

Définition  2 Soit f  une fonction de ℝ  dans ℝ  et x∈D_f  . Soit P  une des propriétés de la définition def:vocabfonction. On dit que f  possède la propriété P 

 

∙  au voisinage de x  s'il existe un intervalle ouvert I  contenant x  , tel que la restriction de f  à I  possède la propriété P  .

∙  au voisinage de +∞  s'il existe un réel A  tel que la restriction de f  à ]A,+∞[  possède la propriété P  .

∙  au voisinage de -∞  s'il existe un réel A  tel que la restriction de f  à ]-∞,A[  possède la propriété P  .

 

Par exemple, la fonction valeur absolue x↦|x|  , est :

 

∙  décroissante au voisinage de -∞ 

∙  décroissante au voisinage de -1 

∙  croissante au voisinage de 1 

∙  croissante au voisinage de +∞ 

∙  bornée au voisinage de 0 

 

Les opérations sur les réels s'étendent aux fonctions de manière naturelle.

 

∙  addition :

?  f+g   
D_f∩D_g  →  ℝ 
x  ↦  (f+g)(x)=f(x)+g(x) 

 

∙  multiplication :

?  fg   
D_f∩D_g  →  ℝ 
x  ↦  (fg)(x)=f(x)g(x) 

 

∙  multiplication par un réel :

?  λf   
D_f  →  ℝ 
x  ↦  (λf)(x)=λ(f(x)) 

 

∙  comparaison :

f≤g<=>∀x∈D_f∩D_g,f... 

 

L'addition a les mêmes propriétés que celle des réels : l'ensemble des fonctions de ℝ  dans ℝ  muni de l'addition est un groupe commutatif. Muni de l'addition et de la multiplication par un réel, c'est un espace vectoriel. Cependant, le produit de deux fonctions peut être nul sans que les deux fonctions le soient.

 

 

Sommaire

2. Convergence

 

Nous commençons par la convergence en un point, vers une limite finie. Afin d'éviter les cas pathologiques, nous supposerons toujours que les fonctions étudiées sont définies au voisinage du point considéré (cf. définition 2).

 

Définition  3 Soit a  un réel et f  une fonction définie au voisinage de a  , sauf peut-être en a  , et à valeurs dans ℝ  . Soit l  un réel. On dit que f  tend vers l  quand x  tend vers a  , ou que f   a pour limite l  en a  si

∀ε>0,∃η>0,0<|x-... 

 

On notera :

limite _x→a f(x)=l  ou bien image image1 

 

Tout intervalle centré en l  contient toutes les valeurs f(x)  , pour x  suffisamment proche de a  . Observez que f  peut très bien ne pas être définie en a  , et admettre quand même une limite en a  . Voici un premier exemple (figure 1).

 

?  f   
ℝ^*  →  ℝ 
x  ↦  f(x)=x sin (1/x) 

Pour tout x∈ℝ^*  , -1≤ sin (1/x)≤1  . Donc si |x|≤ε  et x≠0  , alors |x sin (1/x)|≤ε  :

image image2 

Figure 1 - Graphe de la fonction x↦ sin (1/x) 

 

 f(x)  tend vers 0  quand x  tend vers 0  .

 

La convergence peut se caractériser en termes de suites.

 

Théorème  1  Soit a  un réel et f  une fonction définie au voisinage de a  , sauf peut-être en a  , et à valeurs dans ℝ  . Soit l  un réel. La fonction f  tend vers l  quand x  tend vers a  , si et seulement si, pour toute suite (x_n)  , à valeurs dans D_f∩{a}  et convergeant vers a  , la suite (f(x_n))  converge vers l  .

 

 Montrons d'abord la condition nécessaire : si f  tend vers l  au sens de la définition 3, alors pour toute suite (x_n)  convergeant vers a  , la suite (f(x_n))  tend vers l  .

 

Soit ε>0  , et η  tel que si 0<|x-a|≤η  , alors |f(x)-l|<ε  . Soit (x_n)  une suite de D_f∩{a}  convergeant vers a  . Il existe n_0  tel que pour tout n≥n_0  , 0<|x_n-a|≤η  . Mais 0<|x_n-a|≤η  entraîne |f(x_n)-l|≤ε  , par hypothèse. Donc la suite (f(x_n))  converge vers l  .

 

Voici maintenant la condition suffisante, dont nous allons démontrer la contraposée : si f  ne tend pas vers l  , alors il existe une suite (x_n)  convergeant vers a  telle que la suite (f(x_n))  ne tend pas vers l  . Ecrivons donc que f  ne tend pas vers l  .

∃ε>0,∀η>0,∃x∈D_f,0... 

Posons η=1/n  :

∃x∈D_f,0<|x-a|≤1/n∧|f... 

Notons x_n  un des réels dont l'existence est affirmée ci-dessus. La suite (x_n)  converge vers a  car |x_n-a|<1/n  , pourtant la suite (f(x_n))  ne tend pas vers l  , car |f(x_n)-l|≥ε  .

 

Voici deux conséquences faciles de la définition.

 

Proposition 1  Soit f  une fonction de ℝ  dans ℝ  et a  un réel.

 

 Si f(x)  converge quand x  tend vers a  , alors la limite est unique.

 Si a∈D_f  et si f(x)  converge vers l∈ℝ  quand x  tend vers a  , alors f  est bornée au voisinage de a  .

 

 Supposons que f  vérifie la définition def:cvfonctionfinie pour deux réels l  et l'  distincts. Posons ε=|l-l'|/3  . Alors les intervalles [l-ε,l+ε]  et [l'-ε,l'+ε]  sont disjoints. Pour x  suffisamment proche de a  , le réel f(x)  devrait appartenir aux deux intervalles à la fois : c'est impossible.

 

 Fixons ε>0  , et η  tel que f(x)  reste dans l'intervalle ]l-ε,l+ε[  pour tout 0<|x-a|≤η  . Alors : ∀ x∈[a-η,a+η]∩D_f,f(x)≤l...  et ∀ x∈[a-η,a+η]∩D_f,f(x)≥l...  Donc f  est majorée et minorée au voisinage de a  .

 

 

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3. Opérations sur les limites

 

La notion de limite se combine avec les opérations sur les fonctions comme on l'attend. Nous énoncerons les résultats dans le théorème th:operationslimitesfonctions. Ils peuvent se déduire des résultats analogues sur les suites numériques, via le théorème th:cvepssuite. Nous conseillons au lecteur de le vérifier, puis de comparer cette approche avec les démonstrations directes qui suivent. Elles sont basées sur le lemme suivant.

 

Lemme 1 Soit a  un réel. Soient f  et g  deux fonctions de ℝ  dans ℝ  , définies au voisinage de a  , sauf peut-être en a  .

 

 Si limite _x→a f(x)= limite...  alors limite _x→a (f+g)(x)=0 

 Si f  est bornée au voisinage de a  et limite _x→a g(x)=0  alors limite _x→a (fg)(x)=0 

 

Fixons ε>0  . Soit η_1  tel que pour 0<|x-a|≤η_1  , |f(x)|≤ε/2  . De même, soit η_2  tel que pour 0<|x-a|≤η_2  , |g(x)|<ε/2  . Alors, pour 0<|x-a|≤min{η_1,η_2}  , |(f+g)(x)|=|f(x)+g(x)|≤|...  d'où le résultat.

 

 Soit η_1  et M  deux réels tels que ∀ x∈[a-η_1,a+η_1],|f(x)|...  Fixons ε>0  . Soit η_2  tel que pour 0<|x-a|≤η_2  , |g(x)|≤ε/M  . Alors, pour 0<|x-a|≤min{η_1,η_2}  , |(fg)(x)|=|f(x)||g(x)|≤M...  d'où le résultat.

 

 

Théorème 2 Soit a  un réel. Soient f  et g  deux fonctions de ℝ  dans ℝ  , définies sur un intervalle ouvert autour de a  .

 

 Si limite_x→af(x)=letlimite...  alors limite_x→a(f+g)(x)=l+l' 

 Si limite_x→af(x)=letlimite...  alors limite_x→a(fg)(x)=ll' 

 

 Pour nous ramener au lemme 1, observons d'abord que f(x)  tend vers l  quand x  tend vers a  , si et seulement si f(x)-l  tend vers 0  .

 

 Quand x  tend vers a  , f(x)  tend vers l  et g(x)  tend vers l'  , donc f(x)-l  et g(x)-l'  tendent vers 0  . Donc f(x)-l+g(x)-l'=(f+g)(x)-...  tend vers 0  d'après le point 1. du lemme lem:operationslimitesfonctions. D'où le résultat.

 

 Nous voulons montrer que f(x)g(x)-ll'  tend vers 0  . Ecrivons : f(x)g(x)-ll'=f(x)(g(x)-l...  Il suffit de montrer séparément que les deux fonctions f(g-l')  et (f-l)l'  tendent vers 0  , d'après le premier point du lemme 1. Mais chacune de ces deux fonctions est le produit d'une fonction convergeant vers 0  par une fonction bornée au voisinage de 0  ( f  est bornée au voisinage de 0  car elle converge). D'où le résultat, par le point 2. du lemme 1.

 

Si une application est constante, sa limite en tout point est égale à cette constante. Comme cas particulier du théorème 2, si f(x)  tend vers l  quand x  tend vers a  , et λ  est un réel quelconque, alors la limite en a  de λf(x)  est λl  .

 

Le résultat attendu sur la composition des limites se vérifie, à un détail près.

 

Théorème  3 Soient a  et b  deux réels. Soit f  et g  deux fonctions définies respectivement au voisinage de a  et au voisinage de b  , g  étant définie en b  .

On suppose : limite _x→a f(x)=b et li...  Alors limite _x→a g°f(x)=g(b) 

 

 Soit ε  un réel strictement positif. Il existe η_1>0  tel que |y-b|≤η_1=>|g(y)-g(b)... 

Il existe η_2  tel que 0<|x-a|≤η_2=>|f(x)...  Donc : 0<|x-a|≤η_2=>|g(f(... 

 

 

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4. Limites unilatérales

 

Une fonction f  peut converger vers une limite finie, comme nous l'avons vu précédemment, ou bien +∞  ou -∞  . De plus les valeurs de la variable, qui approchaient a  des deux côtés dans les définitions précédentes, peuvent ne l'approcher que d'un seul côté : ce sont les notions de limite à gauche, et de limite à droite. On peut aussi chercher une limite quand x  tend vers +∞  et -∞  . Au total, ce ne sont pas moins de 15  définitions différentes que nous devons donner. Vous reconnaîtrez dans ces définitions un principe général : f(x)  tend vers l  (fini ou infini) quand x  tend vers a  (fini ou infini), si pour tout voisinage V_l  de l  , il existe un voisinage V_a  de a  tel que f(V_a∩{a})⊂V_l  . La définition précise de la notion de voisinage relève de la topologie, et dépasse le cadre de ce cours. Un voisinage de +∞  sera compris comme un intervalle de la forme [A,+∞[  . De même, un voisinage de -∞  sera un intervalle de la forme ]-∞,A]  . Un «voisinage à gauche»  d'un réel a  sera un intervalle du type [a-ε,a[  , tandis qu'un «voisinage à droite»  sera de la forme ]a,a+ε]  . Nous donnons les différentes définitions sous forme de tableaux. Plutôt que d'apprendre les 5 tableaux par cœur, il est conseillé d'en comprendre le principe pour être capable de retrouver ces définitions en cas de besoin.

 

?  Limites bilatérales  ? 
Notation  Définition  Exemple 
limite _x→a f(x)=l  ∀(ε,∃η),0<|x-a|≤η=>...  limite _x→0 x=0 
limite _x→a f(x)=+∞  ∀(A,∃η),0<|x-a|≤η=>...  limite _x→0 1/|x|=+∞ 

 

  Limites à gauche   
Notation  Définition  Exemple 
limite _x→a f(x)=l  ∀(ε,∃η),0<|x-a|≤η=>...  limite _x→0 x=0 
limite _x→a f(x)=+∞  ∀(A,∃η),0<|x-a|≤η=>...  limite _x→0 1/|x|=+∞ 
limite _x→a f(x)=-∞  ∀(A,∃η),0<|x-a|≤η=>...  limite _x→0 (-1/|x|)=-∞ 

 

 

  Limites à droites   
Notation  Définition  Exemple 
limite _x→a^+ f(x)=l  ∀(ε,∃η),a<x≤a+η=>|...  limite _x→0^+ x/|x|=+1 
limite _x→a^+ f(x)=+∞  ∀(A,∃η),a<x≤a+η=>f...  limite _x→0^+ 1/x=+∞ 
limite _x→a^+ f(x)=-∞  ∀(A,∃η),a<x≤a+η=>f...  limite _x→0^+ (-1/x)=-∞ 

 

La limite bilatérale des sections précédentes peut se caractériser en termes de limites à gauche et à droite.

 

Proposition 2 Soit f  une fonction de ℝ  dans ℝ  et a  un réel. La fonction f  admet l  pour limite en a  , si et seulement si elle admet l  pour limite à gauche et à droite en a  .

 

 Nous le démontrons pour une limite finie. Ce qui suit est facile à adapter à une limite infinie. La condition nécessaire est évidente au vu des définitions. Pour la condition suffisante, supposons limite _x→a^- f(x)= limi... 

Fixons ε>0  . Il existe η_1  et η_2  tels que a-η_1≤x<a=>|f(x)-l... 

Prenons η= min {η_1,η_2}  , alors 0<|x-a|≤η=>|f(x)-l... 

 

Voici maintenant les définitions des limites en +∞  et -∞  .

 

  Limites en -∞  ? 
Notation  Définition  Exemple 
limite _x→-∞ f(x)=l  ∀(ε,∃B),x≤B=>|f(x)-l|...  limite _x→-∞ 1/x=0 
limite _x→-∞ f(x)=+∞  ∀(A,∃B),x≤B=>f(x)≥A  limite _x→-∞ (-x)=+∞ 
limite _x→-∞ f(x)=-∞  ∀(A,∃B),x≤B=>f(x)≤A  limite _x→-∞ x=-∞ 

 

 

  Limites en +∞   
Notation  Définition  Exemple 
limite _x→+∞ f(x)=l  ∀(ε,∃B),x≥B=>|f(x)-l|...  limite _x→+∞ 1/x=0 
limite _x→+∞ f(x)=+∞  ∀(A,∃B),x≥B=>f(x)≥A  limite _x→+∞ x=+∞ 
limite _x→+∞ f(x)=-∞  ∀(A,∃B),x≥B=>f(x)≤A  limite _x→+∞ (-x)=-∞ 

 

 

Pour chacune de ces définitions, il existe une caractérisation en termes de suites, analogue au théorème 1. Par exemple, la limite à gauche de f  en a  vaut -∞  si et seulement si pour toute suite (x_n)  convergeant vers a  et telle que pour tout n  , x_n<a  , la suite (f(x_n))  tend vers -∞  . Nous laissons au lecteur le soin de démontrer, à titre d'exercice, chacune de ces caractérisations, sur le modèle du théorème 1.

 

En ce qui concerne les opérations, le théorème 2 s'étend aux limites à gauche, à droite, en -∞  et en +∞  , sans aucune difficulté. Les seuls problèmes viennent des limites éventuellement infinies. Dans le cas où les limites de f  et g  peuvent être infinies, différentes situations peuvent se produire pour la somme et le produit. Nous les résumons dans les tableaux 1 et 2. Dans ces deux tableaux, limite  désigne indifféremment une limite bilatérale, à gauche, à droite, en -∞  ou en +∞  (du même type pour f  et g  ). Les points d'interrogations sont des formes indéterminées : tous les cas sont possibles. Par exemple :

 

∙  f(x)=1/|x|  , g(x)=-1/|x|  : f+g  tend vers 0  quand x  tend vers 0  .

∙  f(x)=1/|x|  , v_n=-1/x²  : f+g  tend vers -∞  quand x  tend vers 0  .

∙  f(x)=1/|x|  , g(x)= sin (1/x)-1/|x|  : f+g  n'a pas de limite en 0  .

 

( limite f(x)\) limite g...  l'  +∞  -∞ 
l  l+l'  +∞  -∞ 
+∞  +∞  +∞  ? 
-∞  -∞  ?  -∞ 

 

Limites possibles de f+g  en fonction des limites de f  et g  .

 

( limite f(x)\) limite g...  l'>0  l'<0  l=0  +∞  -∞ 
l>0  ll'  ll'  0  +∞  -∞ 
l<0  ll'  ll'  0  -∞  +∞ 
l=0  0  0  0  ?  ? 
+∞  +∞  -∞  ?  +∞  -∞ 
-∞  -∞  +∞  ?  -∞  +∞ 

 

Limites possibles de fg  en fonction des limites de f  et g  .

 

Mises à part les formes indéterminées, chacune des cases des tableaux 1 et 2 résume 5 théorèmes : un pour chacun des différents types de limites. Il est conseillé au lecteur de les démontrer, soit directement sur le modèle du théorème 2, soit en utilisant la caractérisation par les suites évoquée plus haut.

 

 

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5. Convergence des fonctions monotones

 

Comme pour les suites, «la monotonie entraîne l'existence de limites».

 

Théorème  4 Soit ]a,b[  un intervalle ouvert, et f  une fonction croissante sur ]a,b[  . Les limites de f  à droite en a  et à gauche en b  existent et :

limite _x→a^+ f(x)= inf ... 

 

 Supposons d'abord que f  est minorée : f(]a,b[)  est une partie minorée de ℝ  , elle admet donc une borne inférieure finie, notons-la l  . Soit ε  un réel positif fixé. Par définition de la borne inférieure, il existe c∈]a,b[  tel que l≤f(c)≤l+ε  . Mais alors, puisque f  est croissante, a<x≤c=>l≤f(x)≤l+ε  Donc f  admet l  pour limite à droite en a  . Si f  n'est pas minorée, pour tout A  , il existe c∈]a,b[  , tel que f(c)≤A  . Puisque f  est croissante : a<x≤c=>f(x)≤f(c)≤A  Donc la limite à droite de f  en a  est -∞  .

 

Pour la limite à gauche en b  , on procède de manière analogue, en distinguant le cas où f  est majorée, du cas où elle ne l'est pas.

 

L'énoncé du théorème 4, reste vrai si a=-∞  , ou b=+∞  . Evidemment, le même résultat vaut pour une fonction décroissante, en inversant le rôle de sup  et inf  . On retiendra que

toute fonction monotone sur un intervalle admet une limite à gauche et une limite à droite en tout point de cet intervalle.

 

La limite à gauche peut très bien ne pas être égale à la limite à droite. Par exemple, la fonction «partie entière»  est croissante sur ℝ  , et pour tout n∈ℤ  ,

limite _x→n^- |x|=n-1 et... 

image image3 

 

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6. Comparaison de fonctions

 

Dans cette section, a  est un réel quelconque, et nous considérons la limite (bilatérale) d'une fonction f  en a  , au sens de la définition 3. Toutes les fonctions sont supposées être définies au voisinage de a  , sauf peut-être en a  .

 

Tous les résultats de la section valent aussi pour des limites à gauche, à droite, en -∞  et en +∞  . L'adaptation des démonstrations aux autres types de limite est un exercice conseillé.

 

Le résultat de base pour comparer deux limites est le suivant.

 

Théorème  5 Soient a  un réel, f  et g  deux fonctions définies sur un intervalle ouvert I  contenant a  . Si pour tout x∈I  , f(x)≤g(x)  , alors

limite _x→a f(x)≤ limite... 

 

 Supposons limitef(x)>limiteg(x)  . Alors la limite en a  de la fonction f-g  est strictement positive. Notons l  cette limite. Il existe η>0  tel que 0<|x-a|≤η  entraîne f(x)-g(x)∈[l/2,3l/2]  , donc f(x)-g(x)>0  , ce qui contredit l'hypothèse.

 

Le fait de supposer f(x)<g(x)  ne renforce pas la conclusion : bien que |x|<2|x|  pour tout x∈ℝ^*  , limite _x→0 |x|= limite ... 

 

Le théorème 5 ne permet pas de démontrer que l'une des deux fonctions f  ou g  converge en a  . Pour cela, on utilise souvent le résultat suivant.

 

Théorème  6 Soient f  et g  deux fonctions telles que g(x)  tend vers 0  quand x  tend vers a  . S'il existe un intervalle ouvert I  contenant a  tel que pour tout x∈I  , |f(x)|≤|g(x)|  , alors f(x)  tend vers 0  en a  .

 

 Pour tout ε>0  , il existe η  tel que pour 0<|x-a|≤η  : |f(x)|≤|g(x)|≤ε  d'où le résultat.

 

On en déduit le corollaire suivant.

 

Corollaire  1 Soient f  , g  et h  trois fonctions telles que quand x  tend vers a  , f(x)  et h(x)  convergent vers la même limite l  . Supposons de plus qu'il existe un intervalle ouvert I  contenant a  , tel que pour tout x∈I  , f(x)≤g(x)≤h(x)  alors g(x)  converge vers l  .

 

 Il suffit d'appliquer le théorème th:limite0fonction aux deux fonctions h-g  et h-f  .

 

Soit par exemple

?  g   
ℝ^*  →  ℝ 
x  ↦  g(x)=x sin (1/x) 

 

Posons f(x)=-|x|  , h(x)=|x|  . Les deux fonctions f  et h  tendent vers 0  en 0  , et pour tout x∈ℝ^*  , f(x)≤g(x)≤h(x)  Donc g(x)  tend vers 0  quand x  tend vers 0  , comme f  et h  (cf. figure fig:xsin1).

 

La comparaison vaut aussi pour les limites infinies.

 

Théorème  7 Soient a  un réel, f  et g  deux fonctions définies sur un intervalle ouvert I  contenant a  . Supposons que, pour tout x∈I  , f(x)≤g(x)  .

 

Si limite _x→a f(x)=+∞al... 

Si limite _x→a g(x)=-∞al... 

 

 Pour tout A  , il existe η  tel que pour 0<|x-a|<η  : g(x)≥f(x)≥A  donc g  tend vers +∞  si f  tend vers +∞  . La démonstration de l'autre affirmation est analogue.

 

Le vocabulaire de la comparaison des fonctions est analogue à celui des suites, avec la difficulté supplémentaire qu'il faut toujours savoir de quelle limite il s'agit (bilatérale, à gauche, à droite, en -∞  ou en +∞  ). Nous écrivons la définition ci-dessous pour des limites bilatérales en a  , elle s'adapte sans problème aux 4 autres types de limites.

 

Définition  4 Soient a  un réel, f  et g  deux fonctions définies sur un intervalle ouvert I  contenant a  .

 

 On dit que la fonction f  est dominée par la fonction g  au voisinage de a  si : ∃ M∈ℝ,∀ x∈I,|f(x)|≤M|g(x...  On écrit f(x)=O(g(x))  , qui se lit « f(x)  est un grand O de g(x)  »  (au voisinage de a  ).

 

 On dit que la fonction f  est négligeable devant la fonction g  si : ∀ε>0,∃η,0<|x-a|≤η=...  On écrit f(x)=o(g(x))  , qui se lit « f(x)  est un petit o de g(x)  »  (au voisinage de a  ).

 

 On dit que la fonction f  est équivalente à la fonction g  si : ∀ε>0,∃η,0<|x-a|≤η=...  On écrit f(x)∼g(x)  , qui se lit « f(x)  est équivalent à g(x)  »  (au voisinage de a  ).

 

Très souvent, on appliquera ces définitions pour une fonction g  non nulle au voisinage de a  , sauf peut-être en a  ; dans ce cas, la comparaison se lit sur le rapport f(x)/g(x)  .

 

Proposition  3 Soient a  un réel, f  et g  deux fonctions définies sur un intervalle ouvert I  contenant a  . On suppose que la fonction g  ne s'annule pas sur  I∩{a} 

 f  est dominée par g  au voisinage de a  si et seulement si le quotient f/g  est borné :

∃ M∈ℝ,∀ x∈I∩{a},|f(x)/(g... 

 f  est négligeable devant g  si et seulement si le quotient f/g  tend vers 0  :

∀ε>0,∃η,0<|x-a|≤η=... 

 f  est équivalente à g  si et seulement si le quotient f/g  tend vers 1  :

∀ε>0,∃η,0<|x-a|≤η=... 

 

Par exemple, au voisinage de 0  : √(4x²+9x)=O(√x),√(4x²+9x... 

Au voisinage de +∞  : √(4x²+9x)=O(x),√(4x²+9x)... 

 

Insistons sur la nécessité de bien préciser le type de limite que l'on considère. Le plus souvent, il s'agira de limites en +∞  ou de limites à droite en 0  . On passe des unes aux autres en remplaçant la variable x  par y=1/x  . Pour étudier une limite en a  , on se ramène à une limite en 0  en posant x-a=y  . Le changement de variable y=-x  permet de passer des limites à gauche aux limites à droite, des limites en -∞  aux limites en +∞  .

 

Observons que f(x)=o(g(x))  entraîne f(x)+g(x)∼g(x)  , ce qui est particulièrement utile pour les polynômes. Les équivalents sont souvent utilisés pour le calcul de limites de produits ou de quotients, car si f_1(x)∼g_1(x)  , et f_2(x)∼g_2(x)  alors f_1(x)f_2(x)∼g_1(x)g_2(x...  . Par contre il ne faut pas les utiliser pour des sommes. Par exemple, au voisinage de +∞  : f(x)=x+ sin (x)∼x et g(x...  Pourtant, f(x)+g(x)  n'est pas équivalent à 0  .

 

Soit f  la fonction définie sur ]0,+∞[  par : f(x)=√(x²+x+1)/ √ ^3 (8x... 

Commençons par les limites à droite en 0  . Le numérateur tend vers 1  en 0  . Pour le dénominateur 8x³=o(x²)  , donc f(x)∼x^-2/3  : limite _x→0^+ f(x)/x^-2/... 

Considérons maintenant les limites en +∞  . Puisque x+1=o(x²)  , x²+x+1∼x²  et √(x²+x+1)∼x  . Pour le dénominateur, √ ^3 (8x³+x²)∼2x  , donc f(x)  tend vers 1/2  . limite _x→+∞ f(x)=1/2 

Nous admettrons pour l'instant les équivalents suivants au voisinage de 0  , qui seront justifiés plus loin. Vous devez les connaître par cœur.

 

Théorème 8  Au voisinage de 0  , sin (x)  , e^x-1  et ln (1+x)  sont équivalents à x  .

limite _x→0 sin (x)/x= l... 

 

Nous rassemblons dans la section suivante d'autres limites classiques concernant l'exponentielle et le logarithme, qu'il est également bon de connaître.

 

 

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7. Limites à connaître

 

Les limites étudiées dans cette section permettent de comparer exponentielles, logarithmes et puissances de x  . Vous connaissez certainement déjà le comportement de ces fonctions au voisinage de 0  et de +∞  .

limite _x→+∞ ln (x)= lim... 

Vous connaissez sans doute aussi le résultat suivant.

 

Proposition  4 Soit b  un réel strictement positif. limite _x→+∞ e^-bx=0 

 

 Posons f(x)=e^-bx  . La fonction f  est décroissante, donc elle admet une limite en +∞  . Pour identifier cette limite, il suffit de trouver la limite de la suite (e^-bx_n)  , où (x_n)  est une suite particulière tendant vers +∞  . Pour tout n∈ℕ  , posons x_n=n ln (2)/b  . Comme ln (2)≈0,69  et b  sont positifs, (x_n)  tend vers +∞  . On a e^-bx_n=2^-n  , qui tend vers 0  quand n  tend vers l'infini.

 

Proposition  5 Soient a  et b  deux réels strictement positifs. limite _x→+∞ x^ae^-bx=0 

 

 Posons f(x)=x^ae^-bx  . L'étude des variations de la fonction f  sur ℝ^ +  , montre qu'elle est croissante sur [0,a/b]  , décroissante sur [a/b,+∞[  . Comme elle est minorée par 0  , elle admet une limite en +∞  . Comme f(x)≥0  sur ]0,+∞[  , la limite de f  en +∞  est positive ou nulle. Il nous reste à montrer qu'elle est nulle. Pour cela observons que ce que nous avons dit de f  reste vrai si on remplace b  par b/2  : la fonction qui à x  associe x^ae^-(b/2)x  admet un maximum en x=2a/b  . On a donc : f(x)=x^ae^-bx=x^ae^-(b/2...  Or e^-(b/2)x  tend vers 0  quand x  tend vers +∞  (proposition 4). D'où le résultat.

 

Ce résultat peut paraître paradoxal : si a=100  , x^100  croît très vite ( 2^100≈10^30  ), et si b=0,01  , e^-bx  décroît lentement ( e^-0,02≈0,98  ). Pourtant, c'est l'exponentielle qui finit par l'emporter et la limite en +∞  est nulle.

 

On retiendra que :  l'exponentielle l'emporte sur les puissances de x  ,

 

les puissances de x  l'emportent sur le logarithme.

 

C'est un moyen mnémotechnique de lever des indéterminations du type 0*∞  dans les calculs de limite : si l'un des facteurs «l'emporte»  sur l'autre, c'est lui qui dicte la limite. Par exemple, dans la proposition proplimab, la limite de x^ae^-bx  est la même que celle de e^-bx  , bien que x^a  tende vers +∞  . Nous rassemblons dans la proposition ci-après quelques exemples de limites du même type que celle de la proposition proplimab. Toutes s'en déduisent par des changements de variables : c'est un exercice facile que nous vous conseillons.

 

Proposition  6 Soient a  et b  deux réels strictement positifs.

limite _x→+∞ x^ae^-bx=0 ... 

limite _x→-∞ |x|^ae^bx=0... 

limite _x→+∞ ( ln (x))^a... 

limite _x→0^ + | ln (x)|... 

 

 

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8. Continuité en un point

 

Une fonction f  est continue en a  quand elle admet f(a)  comme limite en a  .

 

Définition  5 Soit a  un réel et f  une fonction définie au voisinage de a  . On dit que f  est :

 

 continue en a  si limite _x→a f(x)=f(a)  soit : ∀ε>0,∃η>0,|x-a|≤η=... 

 

 continue à gauche en a  si limite _x→a- f(x)=f(a)  soit : ∀ε>0,∃η>0,0≤a-x≤η=... 

 

 continue à droite en a  si limite _x→a+ f(x)=f(a)  soit : ∀ε>0,∃η>0,0≤x-a≤η=... 

 

Par exemple la fonction partie entière x↦|x|  est continue en a  si a  n'est pas un entier. Elle est continue à droite (mais pas à gauche) en a  si a  est entier : voir figure 2.

 

On déduit du théorème th:cvepssuite une caractérisation de la continuité en termes de suites.

 

Théorème  9 La fonction f  est continue en a  , si et seulement si pour toute suite de réels (x_n)  telle que ∀ n,x_n∈D_f  et convergeant vers a  , la suite (f(x_n))  converge vers f(a)  .

 

Observons que si une fonction est continue en un point, elle est nécessairement définie en ce point. Nous avons vu qu'une fonction f  pouvait admettre une limite en a  , sans être définie en a  . Si c'est le cas, on appelle prolongement par continuité de f  en a  , la fonction mesure(f)  , définie sur D_f∪{a}  , et telle que

∀ x∈D_f, mesure(f)(x)=f(... 

Par exemple,

?  f   
ℝ^*  →  ℝ 
x  ↦  f(x)=x sin (1/x) 

 

Cette fonction peut être prolongée par continuité en 0  :

?  mesure(f)   
ℝ  →  ℝ 
x  ↦  mesure(f)(x)=x( sin (1/x... 
0  ↦  mesure(f)(0)=0 

 

Des théorèmes 2 et 3, on déduit que la somme, le produit, la composée de deux fonctions continues sont continues.

 

Théorème  10 Soient f  et g  deux fonctions. Soit a  un réel.

 

 Si f  et g  sont continues en a  , alors f+g  et fg  sont continues en a  .

 Si f  est continue en a  et g  est continue en f(a)  , alors g°f  est continue en a  .

 

Ce théorème permet de démontrer la continuité de toutes les fonctions que vous aurez à examiner, à condition d'admettre la continuité des «briques de base»  que sont les fonctions usuelles.

 

 Toutes les fonctions usuelles sont continues en tout point où elles sont définies Ceci concerne les fonctions puissances, exponentielle, logarithme, sinus, cosinus, mais exclut bien sûr la partie entière et la partie décimale.

 

À titre d'exemple, nous allons le démontrer pour la fonction x↦1/x  .

 

Proposition  7 La fonction f  qui à x  associe 1/x  est continue en tout point de ℝ^*  .

 

 Soit a  un réel non nul. Soit ε>0  . Notons η= min {εa²/2,|a|/2}  Si |x-a|≤η  , alors |x|≥|a|/2  . Donc : |1/x-1/a|=|x-a|/(|a||x|)...  Donc, |x-a|≤η  entraîne |f(x)-f(a)|≤ε  .

 

Les fonctions constantes, ainsi que la fonction identité x↦x  sont évidemment continues en tout point de ℝ  . Du théorème 10, on déduit qu'il en est de même pour les fonctions polynômes. En utilisant la proposition 7, on obtient que toute fraction rationnelle (quotient de deux fonctions polynômes) est continue en tout point où son dénominateur ne s'annule pas.

 

 

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9. Continuité sur un intervalle

 

Définition  6 Soit f  une fonction définie sur un intervalle I  ouvert non vide de ℝ  . On dit que f  est continue sur I  si f  est continue en tout point de I 

 

Cette définition comporte une petite ambiguïté pour les intervalles qui ne sont pas ouverts. Nous conviendrons qu'une fonction continue sur [a,b]  est continue en tout point de ]a,b[  et que de plus, elle est continue à droite en a  et à gauche en b  .

 

Le résultat important de cette section est le théorème des valeurs intermédiaires.

 

Théorème  11 Soit I  un intervalle de ℝ  et f  une fonction continue sur I  . Soit m= inf {f(x),x∈I} et M= ... 

Si m<M  , alors, pour tout réel y  tel que m<y<M  , il existe c∈I  tel que f(c)=y  .

 

La figure 3 illustre le théorème des valeurs intermédiaires. Le résultat est tout à fait intuitif : si une fonction continue prend deux valeurs distinctes sur un intervalle, elle prend nécessairement toutes les valeurs entre ces deux-là : le graphe d'une fonction continue n'a pas de saut vertical.

image image4 

Par définition de la borne inférieure, et de la borne supérieure, il existe x_0,x_1∈I  tels que m≤f(x_0)<y<f(x_1)≤...  Quitte à remplacer f  par -f  , nous pouvons supposer sans perte de généralité que x_0<x_1  . Soit A  l'ensemble des x∈[x_0,x_1]  tels que f(x)≤y  . L'ensemble A  est non vide (il contient x_0  ), et majoré par x_1  . Donc il admet une borne supérieure finie. Soit c  cette borne supérieure. c= sup {x∈[x_0,x_1],f(x)...  Nous allons démontrer que f(c)=y  , en utilisant la continuité de f  . Soit ε>0  . Puisque f  est continue en c  , il existe η  tel que |x-c|≤η  implique |f(x)-f(c)|≤ε  . Or par définition de la borne supérieure, il existe x∈A  tel que |x-c|≤η  . Fixons un tel x  . Puisque |f(x)-f(c)|≤ε  et f(x)≤y  , alors nécessairement f(c)≤y+ε  .

 

Par définition de la borne supérieure, c  est le plus petit des majorants de A  . Fixons maintenant x  tel que c<x<c+η  . Alors x∉A  , donc f(x)>y  , et |f(x)-f(c)|≤ε  . On en déduit que f(c)≥y-ε  .

 

Nous avons donc démontré que pour tout ε>0  , y-ε≤f(c)≤y+ε  ce qui entraîne f(c)=y  .

 

Les deux résultats suivants sont des formulations équivalentes du théorème des valeurs intermédiaires.

 

Corollaire  2

 

∙  Si une fonction continue sur un intervalle prend des valeurs positives et des valeurs négatives, alors elle s'annule sur cet intervalle.

∙  L'image par une application continue d'un intervalle est un intervalle.

 

Il est naturel de se demander si l'image par une application continue d'un intervalle est un intervalle du même type (infini, ouvert...). Le seul résultat général concerne les intervalles fermés bornés.

 

Théorème  12 Soient a<b  deux réels et f  une fonction continue sur [a,b]  . Soit

m= inf {f(x),x∈[a,b]} et... 

Alors m  et M  sont finies et il existe x_1,x_2∈[a,b]  , tels que f(x_1)=m  et f(x_2)=M  :

f([a,b])=[m,M] 

 

 elle utilise le théorème de Bolzano-Weierstrass, qui affirme que de toute suite (x_n)  , à valeurs dans l'intervalle [a,b]  , on peut extraire une sous-suite convergente. Nous traitons la borne supérieure M  , la démonstration est analogue pour m  . Supposons M=+∞  . Pour tout n  , il existe x_n∈[a,b]  tel que f(x_n)>n  . Donc la suite (f(x_n))  tend vers +∞  . De la suite (x_n)  , on peut extraire une sous-suite convergente. Soit c  la limite de cette sous-suite. Par la continuité de f  , les images des termes de la sous-suite convergent vers f(c)  , ce qui contredit le fait que (f(x_n))  tend vers +∞  . Donc M  est finie.

 

Puisque la borne supérieure est finie, pour tout n∈ℕ  , il existe x_n∈[a,b]  tel que M-1/n<f(x_n)≤M  Donc la suite (f(x_n))  converge vers M  . De la suite (x_n)  , on peut extraire une sous-suite, convergeant vers c∈[a,b]  . En utilisant à nouveau la continuité, on en déduit que f(c)=M  .

 

En général les bornes m  et M  sont différentes des valeurs de f  en a  et b  . Le cas des fonctions monotones est particulier. Vous avez sans doute déjà rencontré le résultat qui suit sous le nom de théorème de la bijection.

 

Théorème  13 Soit f  une fonction continue, strictement monotone sur un intervalle I  .

 

 f(I)  est un intervalle, dont les bornes sont les limites de f  aux bornes de I 

 f  est une bijection de I  vers f(I) 

 la bijection réciproque f^-1  est continue sur f(I)  et strictement monotone, de même sens que f  .

 

 Quitte à remplacer f  par -f  , nous pouvons supposer sans perte de généralité que f  est strictement croissante. Ceci entraîne que f  est injective. Supposons que I  soit l'intervalle ouvert ]a,b[  , a  et b  étant éventuellement infinis. La démonstration s'adapte sans problème au cas où l'intervalle est fermé d'un côté ou des deux.

 

Observons que pour tout x_0∈]a,b[  limite_x→a+f(x)<f(x_0...  Posons c= limite _x→a+ f(x) et ...  Soit y∈]c,d[  . D'après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe x∈]a,b[  tel que f(x)=y  . Donc f(]a,b[)=]c,d[  , et comme f  est injective, c'est une bijection de ]a,b[  vers ]c,d[  . Pour tout x_1,x_2∈]a,b[  , x_1<x_2<=>f(x_1...  Donc la bijection réciproque f^-1  est elle-aussi strictement croissante. Il reste à démontrer qu'elle est continue. Soit y_0∈]c,d[  et x_0=f^-1(y_0)  . Soit ε>0  tel que a<x_0-ε<x_0<x_0...  Posons y_1=f(x_0-ε)  et y_2=f(x_0+ε)  . Alors y_1<y_0<y_2  . Soit η= min {y-y_1,y_2-y}  . Pour tout y  tel que |y-y_0|≤η  , on a y_1≤y≤y_2  , donc x_0-ε≤f^-1(y)≤x_0+ε  . D'où le résultat.

 

Si f  est bijective, à tout couple (x,f(x))  du graphe de f  , correspond le couple (f(x),x)  du graphe de f^-1  : les deux graphes se déduisent l'un de l'autre par la transformation (x,y)↦(y,x)  , qui est la symétrie par rapport à la première bissectrice (figure 4).

 

image image5