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Limites et continuité
Bernard Ycart
Licence CC-BY
Origine : M@ths en ligne - Université Joseph Fourier
Document produit en ouvrant un fichier Tex
Mots-clés: convergence, limite, opération, comparaison, continuité
Sommaire
Une fonction de
dans
est définie par son graphe : c'est un sous-ensemble
de
, tel que pour tout
, au plus un réel
vérifie
. S'il existe, ce réel
est l'image de
et est noté
. L'ensemble des
qui ont une image par
est le domaine de définition de
. Nous le noterons
. La notation standard est la suivante :
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Si est un sous-ensemble de
, l'image de
, notée
, est l'ensemble des images des éléments de
.
Si est un sous-ensemble de
, l'image réciproque de
, notée
, est l'ensemble des antécédents des éléments de
.
Attention à la notation :
est défini même si
n'est pas bijective. Par exemple, si
est l'application valeur absolue,
,
Définition 1 Soit une fonction, de domaine de définition
, à valeurs dans
. On dit que
est :
constante si
croissante si
décroissante si
strictement croissante si
strictement décroissante si
monotone si elle est croissante ou décroissante
majorée si
est majoré
minorée si
est minoré
bornée si
est borné
Le plus souvent, ces définitions s'appliqueront à des restrictions de à un intervalle
inclus dans
.
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Définition 2 Soit une fonction de
dans
et
. Soit
une des propriétés de la définition def:vocabfonction. On dit que
possède la propriété
au voisinage de
s'il existe un intervalle ouvert
contenant
, tel que la restriction de
à
possède la propriété
.
au voisinage de
s'il existe un réel
tel que la restriction de
à
possède la propriété
.
au voisinage de
s'il existe un réel
tel que la restriction de
à
possède la propriété
.
Par exemple, la fonction valeur absolue , est :
décroissante au voisinage de
décroissante au voisinage de
croissante au voisinage de
croissante au voisinage de
bornée au voisinage de
Les opérations sur les réels s'étendent aux fonctions de manière naturelle.
addition :
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multiplication :
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multiplication par un réel :
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comparaison :
L'addition a les mêmes propriétés que celle des réels : l'ensemble des fonctions de dans
muni de l'addition est un groupe commutatif. Muni de l'addition et de la multiplication par un réel, c'est un espace vectoriel. Cependant, le produit de deux fonctions peut être nul sans que les deux fonctions le soient.
Nous commençons par la convergence en un point, vers une limite finie. Afin d'éviter les cas pathologiques, nous supposerons toujours que les fonctions étudiées sont définies au voisinage du point considéré (cf. définition 2).
Définition 3 Soit un réel et
une fonction définie au voisinage de
, sauf peut-être en
, et à valeurs dans
. Soit
un réel. On dit que
tend vers
quand
tend vers
, ou que
a pour limite
en
si
On notera :
ou bien
Tout intervalle centré en contient toutes les valeurs
, pour
suffisamment proche de
. Observez que
peut très bien ne pas être définie en
, et admettre quand même une limite en
. Voici un premier exemple (figure 1).
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Pour tout ,
. Donc si
et
, alors
:
Figure 1 - Graphe de la fonction
tend vers
quand
tend vers
.
La convergence peut se caractériser en termes de suites.
Théorème Soit
un réel et
une fonction définie au voisinage de
, sauf peut-être en
, et à valeurs dans
. Soit
un réel. La fonction
tend vers
quand
tend vers
, si et seulement si, pour toute suite
, à valeurs dans
et convergeant vers
, la suite
converge vers
.
Montrons d'abord la condition nécessaire : si tend vers
au sens de la définition 3, alors pour toute suite
convergeant vers
, la suite
tend vers
.
Soit , et
tel que si
, alors
. Soit
une suite de
convergeant vers
. Il existe
tel que pour tout
,
. Mais
entraîne
, par hypothèse. Donc la suite
converge vers
.
Voici maintenant la condition suffisante, dont nous allons démontrer la contraposée : si ne tend pas vers
, alors il existe une suite
convergeant vers
telle que la suite
ne tend pas vers
. Ecrivons donc que
ne tend pas vers
.
Posons :
Notons un des réels dont l'existence est affirmée ci-dessus. La suite
converge vers
car
, pourtant la suite
ne tend pas vers
, car
.
Voici deux conséquences faciles de la définition.
Proposition 1 Soit une fonction de
dans
et
un réel.
Si converge quand
tend vers
, alors la limite est unique.
Si et si
converge vers
quand
tend vers
, alors
est bornée au voisinage de
.
Supposons que vérifie la définition def:cvfonctionfinie pour deux réels
et
distincts. Posons
. Alors les intervalles
et
sont disjoints. Pour
suffisamment proche de
, le réel
devrait appartenir aux deux intervalles à la fois : c'est impossible.
Fixons , et
tel que
reste dans l'intervalle
pour tout
. Alors :
et
Donc
est majorée et minorée au voisinage de
.
La notion de limite se combine avec les opérations sur les fonctions comme on l'attend. Nous énoncerons les résultats dans le théorème th:operationslimitesfonctions. Ils peuvent se déduire des résultats analogues sur les suites numériques, via le théorème th:cvepssuite. Nous conseillons au lecteur de le vérifier, puis de comparer cette approche avec les démonstrations directes qui suivent. Elles sont basées sur le lemme suivant.
Lemme 1 Soit un réel. Soient
et
deux fonctions de
dans
, définies au voisinage de
, sauf peut-être en
.
Si alors
Si est bornée au voisinage de
et
alors
Fixons . Soit
tel que pour
,
. De même, soit
tel que pour
,
. Alors, pour
,
d'où le résultat.
Soit et
deux réels tels que
Fixons
. Soit
tel que pour
,
. Alors, pour
,
d'où le résultat.
Théorème 2 Soit un réel. Soient
et
deux fonctions de
dans
, définies sur un intervalle ouvert autour de
.
Si alors
Si alors
Pour nous ramener au lemme 1, observons d'abord que tend vers
quand
tend vers
, si et seulement si
tend vers
.
Quand tend vers
,
tend vers
et
tend vers
, donc
et
tendent vers
. Donc
tend vers
d'après le point 1. du lemme lem:operationslimitesfonctions. D'où le résultat.
Nous voulons montrer que tend vers
. Ecrivons :
Il suffit de montrer séparément que les deux fonctions
et
tendent vers
, d'après le premier point du lemme 1. Mais chacune de ces deux fonctions est le produit d'une fonction convergeant vers
par une fonction bornée au voisinage de
(
est bornée au voisinage de
car elle converge). D'où le résultat, par le point 2. du lemme 1.
Si une application est constante, sa limite en tout point est égale à cette constante. Comme cas particulier du théorème 2, si tend vers
quand
tend vers
, et
est un réel quelconque, alors la limite en
de
est
.
Le résultat attendu sur la composition des limites se vérifie, à un détail près.
Théorème 3 Soient et
deux réels. Soit
et
deux fonctions définies respectivement au voisinage de
et au voisinage de
,
étant définie en
.
On suppose : Alors
Soit un réel strictement positif. Il existe
tel que
Il existe tel que
Donc :
Une fonction peut converger vers une limite finie, comme nous l'avons vu précédemment, ou bien
ou
. De plus les valeurs de la variable, qui approchaient
des deux côtés dans les définitions précédentes, peuvent ne l'approcher que d'un seul côté : ce sont les notions de limite à gauche, et de limite à droite. On peut aussi chercher une limite quand
tend vers
et
. Au total, ce ne sont pas moins de
définitions différentes que nous devons donner. Vous reconnaîtrez dans ces définitions un principe général :
tend vers
(fini ou infini) quand
tend vers
(fini ou infini), si pour tout voisinage
de
, il existe un voisinage
de
tel que
. La définition précise de la notion de voisinage relève de la topologie, et dépasse le cadre de ce cours. Un voisinage de
sera compris comme un intervalle de la forme
. De même, un voisinage de
sera un intervalle de la forme
. Un «voisinage à gauche» d'un réel
sera un intervalle du type
, tandis qu'un «voisinage à droite» sera de la forme
. Nous donnons les différentes définitions sous forme de tableaux. Plutôt que d'apprendre les 5 tableaux par cœur, il est conseillé d'en comprendre le principe pour être capable de retrouver ces définitions en cas de besoin.
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La limite bilatérale des sections précédentes peut se caractériser en termes de limites à gauche et à droite.
Proposition 2 Soit une fonction de
dans
et
un réel. La fonction
admet
pour limite en
, si et seulement si elle admet
pour limite à gauche et à droite en
.
Nous le démontrons pour une limite finie. Ce qui suit est facile à adapter à une limite infinie. La condition nécessaire est évidente au vu des définitions. Pour la condition suffisante, supposons
Fixons . Il existe
et
tels que
Prenons , alors
Voici maintenant les définitions des limites en et
.
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Pour chacune de ces définitions, il existe une caractérisation en termes de suites, analogue au théorème 1. Par exemple, la limite à gauche de en
vaut
si et seulement si pour toute suite
convergeant vers
et telle que pour tout
,
, la suite
tend vers
. Nous laissons au lecteur le soin de démontrer, à titre d'exercice, chacune de ces caractérisations, sur le modèle du théorème 1.
En ce qui concerne les opérations, le théorème 2 s'étend aux limites à gauche, à droite, en et en
, sans aucune difficulté. Les seuls problèmes viennent des limites éventuellement infinies. Dans le cas où les limites de
et
peuvent être infinies, différentes situations peuvent se produire pour la somme et le produit. Nous les résumons dans les tableaux 1 et 2. Dans ces deux tableaux,
désigne indifféremment une limite bilatérale, à gauche, à droite, en
ou en
(du même type pour
et
). Les points d'interrogations sont des formes indéterminées : tous les cas sont possibles. Par exemple :
,
:
tend vers
quand
tend vers
.
,
:
tend vers
quand
tend vers
.
,
:
n'a pas de limite en
.
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Limites possibles de en fonction des limites de
et
.
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Limites possibles de en fonction des limites de
et
.
Mises à part les formes indéterminées, chacune des cases des tableaux 1 et 2 résume 5 théorèmes : un pour chacun des différents types de limites. Il est conseillé au lecteur de les démontrer, soit directement sur le modèle du théorème 2, soit en utilisant la caractérisation par les suites évoquée plus haut.
Comme pour les suites, «la monotonie entraîne l'existence de limites».
Théorème 4 Soit un intervalle ouvert, et
une fonction croissante sur
. Les limites de
à droite en
et à gauche en
existent et :
Supposons d'abord que est minorée :
est une partie minorée de
, elle admet donc une borne inférieure finie, notons-la
. Soit
un réel positif fixé. Par définition de la borne inférieure, il existe
tel que
. Mais alors, puisque
est croissante,
Donc
admet
pour limite à droite en
. Si
n'est pas minorée, pour tout
, il existe
, tel que
. Puisque
est croissante :
Donc la limite à droite de
en
est
.
Pour la limite à gauche en , on procède de manière analogue, en distinguant le cas où
est majorée, du cas où elle ne l'est pas.
L'énoncé du théorème 4, reste vrai si , ou
. Evidemment, le même résultat vaut pour une fonction décroissante, en inversant le rôle de
et
. On retiendra que
toute fonction monotone sur un intervalle admet une limite à gauche et une limite à droite en tout point de cet intervalle.
La limite à gauche peut très bien ne pas être égale à la limite à droite. Par exemple, la fonction «partie entière» est croissante sur , et pour tout
,
Dans cette section, est un réel quelconque, et nous considérons la limite (bilatérale) d'une fonction
en
, au sens de la définition 3. Toutes les fonctions sont supposées être définies au voisinage de
, sauf peut-être en
.
Tous les résultats de la section valent aussi pour des limites à gauche, à droite, en et en
. L'adaptation des démonstrations aux autres types de limite est un exercice conseillé.
Le résultat de base pour comparer deux limites est le suivant.
Théorème 5 Soient un réel,
et
deux fonctions définies sur un intervalle ouvert
contenant
. Si pour tout
,
, alors
Supposons . Alors la limite en
de la fonction
est strictement positive. Notons
cette limite. Il existe
tel que
entraîne
, donc
, ce qui contredit l'hypothèse.
Le fait de supposer ne renforce pas la conclusion : bien que
pour tout
,
Le théorème 5 ne permet pas de démontrer que l'une des deux fonctions ou
converge en
. Pour cela, on utilise souvent le résultat suivant.
Théorème 6 Soient et
deux fonctions telles que
tend vers
quand
tend vers
. S'il existe un intervalle ouvert
contenant
tel que pour tout
,
, alors
tend vers
en
.
Pour tout , il existe
tel que pour
:
d'où le résultat.
On en déduit le corollaire suivant.
Corollaire 1 Soient ,
et
trois fonctions telles que quand
tend vers
,
et
convergent vers la même limite
. Supposons de plus qu'il existe un intervalle ouvert
contenant
, tel que pour tout
,
alors
converge vers
.
Il suffit d'appliquer le théorème th:limite0fonction aux deux fonctions et
.
Soit par exemple
![]() |
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|
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![]() |
Posons ,
. Les deux fonctions
et
tendent vers
en
, et pour tout
,
Donc
tend vers
quand
tend vers
, comme
et
(cf. figure fig:xsin1).
La comparaison vaut aussi pour les limites infinies.
Théorème 7 Soient un réel,
et
deux fonctions définies sur un intervalle ouvert
contenant
. Supposons que, pour tout
,
.
Pour tout , il existe
tel que pour
:
donc
tend vers
si
tend vers
. La démonstration de l'autre affirmation est analogue.
Le vocabulaire de la comparaison des fonctions est analogue à celui des suites, avec la difficulté supplémentaire qu'il faut toujours savoir de quelle limite il s'agit (bilatérale, à gauche, à droite, en ou en
). Nous écrivons la définition ci-dessous pour des limites bilatérales en
, elle s'adapte sans problème aux 4 autres types de limites.
Définition 4 Soient un réel,
et
deux fonctions définies sur un intervalle ouvert
contenant
.
On dit que la fonction est dominée par la fonction
au voisinage de
si :
On écrit
, qui se lit «
est un grand O de
» (au voisinage de
).
On dit que la fonction est négligeable devant la fonction
si :
On écrit
, qui se lit «
est un petit o de
» (au voisinage de
).
On dit que la fonction est équivalente à la fonction
si :
On écrit
, qui se lit «
est équivalent à
» (au voisinage de
).
Très souvent, on appliquera ces définitions pour une fonction non nulle au voisinage de
, sauf peut-être en
; dans ce cas, la comparaison se lit sur le rapport
.
Proposition 3 Soient un réel,
et
deux fonctions définies sur un intervalle ouvert
contenant
. On suppose que la fonction
ne s'annule pas sur
est dominée par
au voisinage de
si et seulement si le quotient
est borné :
est négligeable devant
si et seulement si le quotient
tend vers
:
est équivalente à
si et seulement si le quotient
tend vers
:
Par exemple, au voisinage de :
Au voisinage de :
Insistons sur la nécessité de bien préciser le type de limite que l'on considère. Le plus souvent, il s'agira de limites en ou de limites à droite en
. On passe des unes aux autres en remplaçant la variable
par
. Pour étudier une limite en
, on se ramène à une limite en
en posant
. Le changement de variable
permet de passer des limites à gauche aux limites à droite, des limites en
aux limites en
.
Observons que entraîne
, ce qui est particulièrement utile pour les polynômes. Les équivalents sont souvent utilisés pour le calcul de limites de produits ou de quotients, car si
, et
alors
. Par contre il ne faut pas les utiliser pour des sommes. Par exemple, au voisinage de
:
Pourtant,
n'est pas équivalent à
.
Soit la fonction définie sur
par :
Commençons par les limites à droite en . Le numérateur tend vers
en
. Pour le dénominateur
, donc
:
Considérons maintenant les limites en . Puisque
,
et
. Pour le dénominateur,
, donc
tend vers
.
Nous admettrons pour l'instant les équivalents suivants au voisinage de , qui seront justifiés plus loin. Vous devez les connaître par cœur.
Théorème 8 Au voisinage de ,
,
et
sont équivalents à
.
Nous rassemblons dans la section suivante d'autres limites classiques concernant l'exponentielle et le logarithme, qu'il est également bon de connaître.
Les limites étudiées dans cette section permettent de comparer exponentielles, logarithmes et puissances de . Vous connaissez certainement déjà le comportement de ces fonctions au voisinage de
et de
.
Vous connaissez sans doute aussi le résultat suivant.
Proposition 4 Soit un réel strictement positif.
Posons . La fonction
est décroissante, donc elle admet une limite en
. Pour identifier cette limite, il suffit de trouver la limite de la suite
, où
est une suite particulière tendant vers
. Pour tout
, posons
. Comme
et
sont positifs,
tend vers
. On a
, qui tend vers
quand
tend vers l'infini.
Proposition 5 Soient et
deux réels strictement positifs.
Posons . L'étude des variations de la fonction
sur
, montre qu'elle est croissante sur
, décroissante sur
. Comme elle est minorée par
, elle admet une limite en
. Comme
sur
, la limite de
en
est positive ou nulle. Il nous reste à montrer qu'elle est nulle. Pour cela observons que ce que nous avons dit de
reste vrai si on remplace
par
: la fonction qui à
associe
admet un maximum en
. On a donc :
Or
tend vers
quand
tend vers
(proposition 4). D'où le résultat.
Ce résultat peut paraître paradoxal : si ,
croît très vite (
), et si
,
décroît lentement (
). Pourtant, c'est l'exponentielle qui finit par l'emporter et la limite en
est nulle.
On retiendra que : l'exponentielle l'emporte sur les puissances de ,
les puissances de l'emportent sur le logarithme.
C'est un moyen mnémotechnique de lever des indéterminations du type dans les calculs de limite : si l'un des facteurs «l'emporte» sur l'autre, c'est lui qui dicte la limite. Par exemple, dans la proposition proplimab, la limite de
est la même que celle de
, bien que
tende vers
. Nous rassemblons dans la proposition ci-après quelques exemples de limites du même type que celle de la proposition proplimab. Toutes s'en déduisent par des changements de variables : c'est un exercice facile que nous vous conseillons.
Proposition 6 Soient et
deux réels strictement positifs.
Une fonction est continue en
quand elle admet
comme limite en
.
Définition 5 Soit un réel et
une fonction définie au voisinage de
. On dit que
est :
continue en si
soit :
continue à gauche en si
soit :
continue à droite en si
soit :
Par exemple la fonction partie entière est continue en
si
n'est pas un entier. Elle est continue à droite (mais pas à gauche) en
si
est entier : voir figure 2.
On déduit du théorème th:cvepssuite une caractérisation de la continuité en termes de suites.
Théorème 9 La fonction est continue en
, si et seulement si pour toute suite de réels
telle que
et convergeant vers
, la suite
converge vers
.
Observons que si une fonction est continue en un point, elle est nécessairement définie en ce point. Nous avons vu qu'une fonction pouvait admettre une limite en
, sans être définie en
. Si c'est le cas, on appelle prolongement par continuité de
en
, la fonction
, définie sur
, et telle que
Par exemple,
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![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Cette fonction peut être prolongée par continuité en :
![]() |
![]() |
|
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Des théorèmes 2 et 3, on déduit que la somme, le produit, la composée de deux fonctions continues sont continues.
Théorème 10 Soient et
deux fonctions. Soit
un réel.
Si et
sont continues en
, alors
et
sont continues en
.
Si est continue en
et
est continue en
, alors
est continue en
.
Ce théorème permet de démontrer la continuité de toutes les fonctions que vous aurez à examiner, à condition d'admettre la continuité des «briques de base» que sont les fonctions usuelles.
Toutes les fonctions usuelles sont continues en tout point où elles sont définies Ceci concerne les fonctions puissances, exponentielle, logarithme, sinus, cosinus, mais exclut bien sûr la partie entière et la partie décimale.
À titre d'exemple, nous allons le démontrer pour la fonction .
Proposition 7 La fonction qui à
associe
est continue en tout point de
.
Soit un réel non nul. Soit
. Notons
Si
, alors
. Donc :
Donc,
entraîne
.
Les fonctions constantes, ainsi que la fonction identité sont évidemment continues en tout point de
. Du théorème 10, on déduit qu'il en est de même pour les fonctions polynômes. En utilisant la proposition 7, on obtient que toute fraction rationnelle (quotient de deux fonctions polynômes) est continue en tout point où son dénominateur ne s'annule pas.
Définition 6 Soit une fonction définie sur un intervalle
ouvert non vide de
. On dit que
est continue sur
si
est continue en tout point de
Cette définition comporte une petite ambiguïté pour les intervalles qui ne sont pas ouverts. Nous conviendrons qu'une fonction continue sur est continue en tout point de
et que de plus, elle est continue à droite en
et à gauche en
.
Le résultat important de cette section est le théorème des valeurs intermédiaires.
Théorème 11 Soit un intervalle de
et
une fonction continue sur
. Soit
Si , alors, pour tout réel
tel que
, il existe
tel que
.
La figure 3 illustre le théorème des valeurs intermédiaires. Le résultat est tout à fait intuitif : si une fonction continue prend deux valeurs distinctes sur un intervalle, elle prend nécessairement toutes les valeurs entre ces deux-là : le graphe d'une fonction continue n'a pas de saut vertical.
Par définition de la borne inférieure, et de la borne supérieure, il existe tels que
Quitte à remplacer
par
, nous pouvons supposer sans perte de généralité que
. Soit
l'ensemble des
tels que
. L'ensemble
est non vide (il contient
), et majoré par
. Donc il admet une borne supérieure finie. Soit
cette borne supérieure.
Nous allons démontrer que
, en utilisant la continuité de
. Soit
. Puisque
est continue en
, il existe
tel que
implique
. Or par définition de la borne supérieure, il existe
tel que
. Fixons un tel
. Puisque
et
, alors nécessairement
.
Par définition de la borne supérieure, est le plus petit des majorants de
. Fixons maintenant
tel que
. Alors
, donc
, et
. On en déduit que
.
Nous avons donc démontré que pour tout ,
ce qui entraîne
.
Les deux résultats suivants sont des formulations équivalentes du théorème des valeurs intermédiaires.
Corollaire 2
Si une fonction continue sur un intervalle prend des valeurs positives et des valeurs négatives, alors elle s'annule sur cet intervalle.
L'image par une application continue d'un intervalle est un intervalle.
Il est naturel de se demander si l'image par une application continue d'un intervalle est un intervalle du même type (infini, ouvert...). Le seul résultat général concerne les intervalles fermés bornés.
Théorème 12 Soient deux réels et
une fonction continue sur
. Soit
Alors et
sont finies et il existe
, tels que
et
:
elle utilise le théorème de Bolzano-Weierstrass, qui affirme que de toute suite , à valeurs dans l'intervalle
, on peut extraire une sous-suite convergente. Nous traitons la borne supérieure
, la démonstration est analogue pour
. Supposons
. Pour tout
, il existe
tel que
. Donc la suite
tend vers
. De la suite
, on peut extraire une sous-suite convergente. Soit
la limite de cette sous-suite. Par la continuité de
, les images des termes de la sous-suite convergent vers
, ce qui contredit le fait que
tend vers
. Donc
est finie.
Puisque la borne supérieure est finie, pour tout , il existe
tel que
Donc la suite
converge vers
. De la suite
, on peut extraire une sous-suite, convergeant vers
. En utilisant à nouveau la continuité, on en déduit que
.
En général les bornes et
sont différentes des valeurs de
en
et
. Le cas des fonctions monotones est particulier. Vous avez sans doute déjà rencontré le résultat qui suit sous le nom de théorème de la bijection.
Théorème 13 Soit une fonction continue, strictement monotone sur un intervalle
.
est un intervalle, dont les bornes sont les limites de
aux bornes de
est une bijection de
vers
la bijection réciproque est continue sur
et strictement monotone, de même sens que
.
Quitte à remplacer par
, nous pouvons supposer sans perte de généralité que
est strictement croissante. Ceci entraîne que
est injective. Supposons que
soit l'intervalle ouvert
,
et
étant éventuellement infinis. La démonstration s'adapte sans problème au cas où l'intervalle est fermé d'un côté ou des deux.
Observons que pour tout
Posons
Soit
. D'après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe
tel que
. Donc
, et comme
est injective, c'est une bijection de
vers
. Pour tout
,
Donc la bijection réciproque
est elle-aussi strictement croissante. Il reste à démontrer qu'elle est continue. Soit
et
. Soit
tel que
Posons
et
. Alors
. Soit
. Pour tout
tel que
, on a
, donc
. D'où le résultat.
Si est bijective, à tout couple
du graphe de
, correspond le couple
du graphe de
: les deux graphes se déduisent l'un de l'autre par la transformation
, qui est la symétrie par rapport à la première bissectrice (figure 4).